Le Club des Femmes Du Bâtiment
Enquête Femmes du Bâtiment – mars 2015
A l’occasion de la journée internationale de la femme, Le CFDB a réalisé en mars 2015 une grande enquête pour mieux connaître le profil des femmes qui travaillent dans le secteur du bâtiment et recueillir leur perception. Cette enquête qui a reçu plus de 400 réponses (417), porte sur trois axes :
– Vous et votre entreprise,
– Votre perception de l’égalité homme/femme dans le secteur du bâtiment,
– Votre regard sur les jeunes femmes et les métiers du bâtiment.
Qui sommes-nous ?
Des femmes dont le point commun est d’avoir un poste à responsabilité dans une entreprise participant à l’acte de construire :
– Les maîtres d’ouvrage,
– Les maîtres d’œuvre, architectes et bureaux d’études,
– Les entreprises et les industriels,
– Les experts techniques, les juristes, les conseils en immobilier, les centres de formation.
Les objectifs du CFDB :
– Développer et partager des valeurs communes et une éthique professionnelle, un esprit d’amitié et de solidarité,
– Promouvoir et favoriser l’intégration des femmes dans le secteur du bâtiment,
– Faire connaître les métiers du bâtiment aux jeunes femmes.
1. Vous et votre entreprise
Le profil
– 84 % des répondantes ont entre 25 et 50 ans.
– Un peu plus de 2/3 travaillent en Ile de France, un peu moins de 1/3 en Province
Les enfants
43% des femmes interrogées n’ont pas d’enfant alors que 94 % sont en âge d’en avoir ou d’en avoir eu, ce qui peut poser questionnement ; les répondantes ont elles privilégiées leur carrière par rapport à leur vie personnelle ?
La formation
82% sont diplômées BAC+5 dont 63% d’ingénieures, ce qui est probablement lié au profil des femmes du CFDB et à celui de leurs relations.
Le contrat
86% des contrats sont des CDI et 87% des contrats à temps plein ; seulement 12% travaillent à temps partiel (majoritairement à 80%).
L’entreprise
– 60% travaillent dans une entreprise de plus de 100 personnes.
– Plus de la moitié travaillent soit dans un bureau d’études (32%), soit dans une entreprise
générale (21%), les architectes et les maîtres d’ouvrage sont représentées à même hauteur
de 13%.
– 32% réalisent des études techniques alors que 28% travaillent en phase chantier/réalisation. Le développement/commercial et l’environnement/développement durable sont représentés à même hauteur de 9-12%.
La fonction
– Il n’y a pas de fonction qui se détache vraiment, tous les métiers du cycle de vie d’un projet sont représentés ; seule la catégorie ouvrière n’a pu être touchée mais elle reste très minoritaire dans le bâtiment.
– La majorité des femmes (71%) n’encadrent pas de collaborateurs ou encadrent des
équipes de moins de 5 personnes. A noter quand même que 13% d’entre elles encadrent
des équipes de plus de 10 personnes.
– Les femmes se déplacent peu (74% jamais ou quelques fois par an) ce qui ne peut être mis
en rapport avec leur situation personnelle puisqu’on rappelle que 43% n’ont pas d’enfants.
26% se déplacent une fois par mois.
Le statut
– 74% sont cadres ce qui est en adéquation avec le niveau d’études.
– 17% seulement occupent une place dans les équipes dirigeantes (conseils d’administration,
dirigeantes, CODIR, associées).
Le parcours professionnel
– 85% ont leur expérience la plus significative dans le privé, 9% dans le public ou parapublic.
– 57% ont travaillé pour moins de 3 employeurs et 32% pour moins de 5 employeurs. Soit un
total de 89% qui a connu entre 1 et 5 employeurs au cours de son parcours professionnel.
Le salaire
– 62% ont un salaire annuel compris entre 30000 et 60000 euros.
– 38% ont des primes individuelles sur objectifs et 29% ont une voiture de fonction.
– Plus de 50% perçoivent intéressement (56%) et/ou participation (51%)
Les activités extraprofessionnelles
79% pratiquent une activité extraprofessionnelle (sport, musique, association, etc.) et parmi
celles-ci, 37% en ont même plusieurs ce qui montre que les femmes actives ont bien une vie
en dehors du travail.
2. Votre perception de l’égalité homme/femme dans le secteur du bâtiment
L’égalité homme-femme
– 73% pensent que les hommes sont favorisés ; elles sont seulement 16% à penser que
l’égalité homme-femme est respectée.
Quand on procède à une analyse détaillée de ce sentiment, on constate que ce sentiment d’inégalité n’est pas vrai dans tous les domaines.
La majorité des femmes n’a pas l’impression d’être désavantagée par rapport aux hommes de même qualification, sur les points suivants :
– 66% ne pensent pas être désavantagées au niveau du recrutement.
– 75% à 79% considèrent que l’accès à tout type de métier est une réalité pour les postes de cadres (75%) ou non cadres (79%).
– 92% ne pensent pas être désavantagées quant à leur salaire, de même que pour leur promotion.
– 83% ne pensent pas être désavantagées pour les actions de formation continue.
– 93% sont satisfaites de leur parcours professionnel mais 40% d’entre elles pensent qu’elles
pourraient occuper un poste avec un niveau de responsabilité plus élevé.
– Par contre, 72% considèrent qu’une femme ne peut pas évoluer de la même manière qu’un homme et 78% considèrent que l’accès aux postes de direction leur est fermé.
Les critères de la réussite professionnelle
Pour plus de 80% d’entre elles, le facteur clé de la réussite est l’équilibre maîtrisé des vies professionnelle et personnelle, au même titre qu’un travail qui fait sens.
Viennent ensuite, un bon salaire (58%) et un poste à responsabilité (55%).
25% seulement considèrent que l’appartenance à un réseau professionnel est un facteur de réussite. Enfin, seules 13% sont attirées par la création d’entreprise.
Les freins professionnels
Parmi celles qui ont eu des enfants, vous êtes peu plus nombreuses à penser ne pas avoir été pénalisées par la maternité sur le plan professionnel. Et vous êtes 80% à avoir repris votre activité professionnelle à temps plein.
Pour celles qui ont été confrontées à des freins professionnels, la difficulté à être augmentée arrive en tête (46%). Les préjugés liés au statut des femmes, l’accès à des postes de responsabilité, la maternité et l’âge sont également des freins à même hauteur (entre 25 et 30%).
La carrière du conjoint ou la situation géographique du lieu d’habitation ou de travail ne sont pas un handicap pour la carrière professionnelle (seules 10% y sont confrontées.
En conclusion, vous êtes 84% à considérer que vous arrivez à concilier le rythme de travail avec votre vie familiale mais 58% le font en sacrifiant de leur temps personnel.
La mixité dans le bâtiment
Les bénéfices de la mixité dans les métiers du bâtiment :
Vous considérez que les femmes apportent organisation, méthode et rigueur dans le travail (65%), contribuent à une bonne ambiance de travail (61%) et à l’apaisement des conflits grâce à une meilleure écoute et de la diplomatie (59%).
Vous êtes 43% à considérer que les femmes apportent un regard neuf et une énergie nouvelle dans l’entreprise et 31% qu’elles contribuent à une image moderne et dynamique de celle-ci.
La présence des femmes dans les comités de direction :
Bien que l’enquête montre que la présence des femmes dans ces organes de direction reste
très minoritaire, vous pensez que leur présence permettrait d’augmenter la performance de
l’entreprise principalement dans les domaines suivants :
– Communication (58%), et relationnel (54%)
– Organisation et coordination (52%) et gestion des équipes (46%)
– Créativité (41%)
Les réflexions sexistes :
Ils vous arrivent de recevoir des réflexions sexistes de la part de vos partenaires professionnels (50%), vos collègues (41%) et de votre hiérarchie (30%).
3. Conseils aux jeunes femmes
Pourquoi conseilleriez-vous aux jeunes femmes de s’orienter vers un métier du bâtiment ?
3 critères se dégagent : faire des choses variées et nouvelles au quotidien (66%), participer à la création des lieux dans lesquels nous vivons (65%) et enfin le travail en équipe (62%).
55% considèrent que les métiers du bâtiment permettent d’être autonome et responsable
dans son travail.
Arrivent ensuite à même niveau (33%) la convivialité dans le secteur du bâtiment et la possibilité d’évoluer et de progresser tout au long de sa carrière.
Le bâtiment souffre toujours d’une image moins innovante que d’autres secteurs puisque seulement 17% d’entre vous considèrent que l’on peut y mettre en œuvre de nouvelles technologies malgré les efforts de communication faits sur ce sujet ces dernières années.
Enfin, vous ne conseilleriez pas ce secteur pour sa facilité à trouver un emploi (ce qui est probablement dû à la morosité actuelle) ni pour la rémunération (5% des réponses seulement).
Faire des choses variées et nouvelles au quotidien | 66,4% |
Participer à la création des lieux dans lesquels nous vivons | 64,7% |
Travailler avec les autres en équipe | 62,1% |
Etre autonome et responsable dans son travail | 54,7% |
Evoluer et progresser tout au long de sa carrière | 33,6% |
Convivialité | 32,4% |
Utiliser les nouvelles technologies | 17,5% |
Débouchés, facilité à trouver un emploi | 16,1% |
Rémunération | 5,3% |
Quelles sont les qualités que doivent avoir les femmes pour travailler dans le secteur du
bâtiment ?
3 qualités se dégagent : méthode et organisation (69%), goût pour les relations humaines (66%) et enfin la ténacité (63%).
Arrivent ensuite au même niveau (50%) la curiosité et la capacité à convaincre ses interlocuteurs.
Enfin, les choses évoluent dans le bâtiment puisque l’attrait pour les sciences et le sens de l’innovation sont quand même cités par plus d’1/3 d’entre vous.
Méthode et organisation | 69,5% |
Goût pour les relations humaines | 65,9% |
Ténacité | 63,1% |
Curiosité | 51,3% |
Capacité à convaincre ses interlocuteurs | 50,4% |
Attrait pour les sciences et la technique | 37,2% |
Sens de l’innovation | 33,1% |
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes pour leur carrière professionnelle ?
3 conseils se détachent : être curieuse au-delà de sa propre spécialité semble une qualité inéluctable pour progresser (71%), de même que croire en soi et savoir saisir les opportunités qui se présentent (66%).
Vous considérez qu’il est important d’entretenir ses relations (notamment les réseaux sociaux professionnels et les écoles) pour 55% d’entre vous.
Vous êtes 45% à accorder également de l’importance au « Faire-savoir » et au « Savoir-être » en plus du « Savoir-faire » ainsi qu’à l’expression écrite et orale dans un monde où la communication revêt aujourd’hui tant d’importance.
Mais vous êtes seulement 44% à conseiller à nos jeunes d’avoir des centres d’intérêt autre que son métier pour se ressourcer. On aurait pu s’attendre à un chiffre bien plus élevé dans un monde professionnel où tout peut basculer très vite, il semble important d’avoir d’autres encrages dans la société (famille, amis, sports, activités extra-professionnelles, etc.).
D’autant que 80% des répondantes ont plébiscité l’équilibre maîtrisé des vies professionnelle et privée comme facteur clé de la réussite…
Enfin, seules 25% des répondantes conseillent aux jeunes de faire des études les plus longues possibles si elles en ont les capacités, et 42% leur recommandent des études en alternance.
Etre curieuse au-delà de sa propre spécialité | 74% |
Savoir saisir les opportunités qui se présentent | 66,2% |
Croire en soi | 65,7% |
Entretenir ses relations (réseaux et écoles) | 55,4% |
Importance du Faire savoir et du Savoir être en plus du Savoir faire | 46,5% |
Importance de l’expression écrite et de l’expression orale | 44,4% |
Avoir des centres d’intérêt autres que son métier | 43,6% |
Faire des études en alternance | 42% |
Faire des études les plus longues possibles en fonction de ses capacités | 25,7% |
Vous utilisez encore peu une langue étrangère dans votre métier (45% jamais et 41% occasionnellement). C’est l’anglais qui est majoritairement utilisé (75%).
4. Remerciements
Mesdames,
Un grand merci à toutes d’avoir contribué à cette enquête.
Nous partageons un métier dans le secteur du bâtiment et nous sommes en grande majorité satisfaites de notre parcours professionnel.
Mais il reste encore du chemin à faire pour parvenir à l’égalité homme-femme, entre autre pour l’accès aux postes de direction.
Nous devons donc contribuer à faire évoluer les choses pour les générations futures. Les femmes ont des qualités et des atouts propres à faire valoir.
Arrêtons de nous culpabiliser, il est possible de concilier vie professionnelle et vie privée, tout en ayant des responsabilités.
Soyons solidaires entre nous et allons de l’avant.
Transmettons aux jeunes générations notre passion pour le bâtiment.